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La Fête de l'insignifiance, Milan Kundera

La Fête de l'insignifiance, Milan Kundera

La vie est plus forte que la mort, car la vie se nourrit de la mort!

Kundera, La Fête de l'insignifiance, P. 85, Cinquième partie, Une plumette plane sous le plafond, La Franck s'en va.

TITRE: La Fête de l'insignifiance
AUTEUR: Kundera
EDITION: Gallimard
COLLECTION: Folio
NOMBRE DE PAGES: 133
DATE D' EDITION: 2018
GENRE: Roman 

PRIX:  6, 90 euros

RÉSUMÉ

Le roman se déroule lors d'une réunion mondaine, un soir d'été à Paris à laquelle assiste Quaquelique, D'Ardelo, La Franck, et Caliban. Mais cette réunion est mêlée avec une réunion entre Staline et d'autres politiques soviétiques et avec une mythologie maternelle que s'invente Alain. 

EXTRAITS: 

"C'était le mois de juin, le soleil du matin sortait des nuages et Alain passait lentement par une rue parisienne. Il observait les jeunes filles qui, toutes, montraient leur nombril dénudé entre le pantalon ceinturé très bas et le tee-shirt coupé très court. Il était captivé; captivé et même troublé: comme si leur pouvoir de séduction ne se concentrait plus dans leurs cuisses, ni dans leurs fesses, ni dans leurs seins,  mais dans ce petit trou rond situé au milieu du corps. 

Cela l'incita à réfléchir  Si un homme (ou une époque) voit le centre de la séduction féminine dans les cuisses, comment décrire et définir la particularité de cette orientation érotique? Il improvisa une réponse: la longueur des cuisses est l'image métaphorique du chemin, long et fascinant (c'est pourquoi il faut que les cuisses soient longues), qui mène vers l'accomplissement érotique; en effet, se dit Alain, même au milieu du coït, la longueur des cuisses prête à la femme la magie romantique de l'inaccessible. 

Si un homme (ou une époque) voit le centre de la séduction féminine dans les fesses, comment décrire et définir la particularité de cette orientation érotique? Il improvisa une réponse: brutalité; gaieté; le chemin le plus court vers le but; but d'autant plus excitant qu'il est double. 

Si un homme (ou une époque) voit le centre de la séduction féminine dans les seins, comment décrire et définir la particularité de cette orientation érotique? Il improvisa une réponse: sanctification de la femme; la Vierge Marie allaitant Jésus; le sexe masculin agenouillé devant la noble mission du sexe féminin. 

Mais comment définir l'érotisme d'un homme (ou d'une époque) qui voit la séduction féminine concentrée au milieu du corps, dans le nombril? " P. 11- 12, Première partie, Les héros se présentent, Alain médite sur le nombril

 

"Il entra dans la salle d'attente et se répéta intérieurement, d'une voix tremblante, que dans trois semaines il fêterait à la fois sa naissance et si lointaine et sa mort si proche; qu'il célébrerait une double fête." P. 14, Première partie, Les héros se présentent, Le cancer n'aura pas lieu

 

"Avec D'Ardelo, tu n'auras pas affaire à un insignifiant mais à un Narcisse. et fais bien attention au sens exact de ce mot: un Narcisse, ce n'est pas un orgueilleux. L’orgueilleux méprise les autres. Les sous-estime. Le Narcisse les surestime parce qu'il observe dans les yeux de chacun sa propre image et veut l'embellir. Il s'occupe donc gentiment de tous ses miroirs." Première partie, Les héros se présentent, La leçon de Ramon sur le brillant et l'insignifiant

 

"Depuis ses origines, la célèbre ville de Prusse s'appelait Königsberg, ce qui veut dire la "montagne du roi". Ce n'est qu'après la dernière guerre qu'elle est devenue Kaliningrad. Grad en russe veut dire ville. Donc, la ville de Kalinine. Le siècle auquel nous avons eu la chance de survivre était fou de rebaptêmes. On a rebaptisé Tsaritsyne en Stalingrad, puis Stalingrad en Volgograd. On a rebaptisé Saint-Pétersbourg en Petrograd, puis Petrograd en Leningrad, et à a fin Leningrad en Saint-Pétersbourg. On a rebaptisé Chemnitz en Karl- Marx- Stadt, puis Karl- Marx- Stadt en Chemnitz. On a rebaptisé Königsberg en Kaliningrad... mais attention: Kaliningrad est resté et restera à jamais irrebaptisable. La gloire de Kalinine aura surpassé toutes les autres  gloires. 

- Mais qui était- il ? demanda Caliban. 

- Un homme, continua Charles, sans aucun pouvoir réel, un pauvre fantoche innocent, et qui a pourtant été pendant longtemps président du soviet suprême, donc, du point de vue protocolaire, le plus grand représentant de l'Etat." P. 34, Deuxième partie, Le théâtre de marionnettes, La fois suivante, Charles donne à ses amis une conférence sur Kalinine et sur la capitale de la Prusse

 

"Il aimait le succès tout en ayant peur de susciter l'envie; il se plaisait à être admiré, mais fuyait les admirateurs. Sa discrétion s'était transformée en amour de la solitude après qu'il eut subi quelques blessures dans sa vie privée mais surtout depuis l'année passée quand il avait dû rejoindre l'armée funeste des retraités; ses propos non conformistes, qui jadis le rajeunissaient, faisaient maintenant de lui, malgré son apparence trompeuse, un personnage inactuel, hors de notre temps, donc vieux." P. 69, Quatrième partie, Ils sont tous à la recherche de la bonne humeur, Ramon arrive au cocktail de très mauvaise humeur

 

"La vie est plus forte que la mort, car la vie se nourrit de la mort!" P. 85, Cinquième partie, Une plumette plane sous le plafond, La Franck s'en va

 

"Tout le monde jacasse sur les droits de l'homme. Quelle blague! Ton existence n'est fondée sur aucun droit. Même finir ta vie par ta propre volonté, ils ne te le permettent pas ces chevaliers des droits de l'homme. [...] 

Et la mère continua: "Regarde- les tous! Regarde ! Au moins une moitié de ceux que tu vois sont laids. Etre laid, ça fait aussi partie des droits de l'homme? Et sais-tu ce que c'est de porter sa laideur toute sa vie ?  Sans le moindre repos?  Ton sexe non plus, tu ne l'as pas choisi. Ni la couleur de tes yeux. Ni ton siècle. Ni ton pays. Ni ta mère. Rien de ce qui compte. Les droits que peut avoir un homme ne concernent que des futilités pour lesquelles il n'y a aucune raison de se battre ou d'écrire de fameuses Déclarations! "

Il roulait de nouveau les yeux et sa mère d'adoucit: "Tu es là tel que tu es parce que j'ai été faible. Ç'a été ma faute. Je te prie de m'excuser." P. 112- 113, Septième partie, La fête de l'insignifiance, Dialogue sur la moto

 

"L'amour, jadis, était la fête de l'individuel, de l'inimitable, la gloire de ce qui est unique, de ce qui ne supporte aucune répétition. Mais le nombril non seulement ne se révolte pas contre la répétition, il est un appel aux répétitions! Et nous allons vivre, dans notre millénaire, sous le signe du nombril. Sous ce signe, nous sommes tous l'un comme l'autre des soldats du sexe, avec le même regard fixé non pas sur la femme aimée mais sur le même petit trou au milieu du ventre qui représente le seul sens, le seul but, le seul avenir de tout désir érotique." P. 117- 118, Septième partie, La fête de l'insignifiance, Ramon discute avec Alain de l'époque des nombrils

 

"A présent, l'insignifiance m'apparaît sous un tout autre jour qu'alors, sous une lumière plus forte, plus révélatrice. L'insignifiance, mon ami, c'est l'essence de l'existence. Elle est avec nous partout et toujours. Elle est présente même là où personne  ne veut la voir: dans les horreurs, dans les luttes sanglantes, dans les pires malheurs. Cela exige souvent du courage pour la reconnaître dans des conditions aussi dramatiques et pour l'appeler par son nom. Mais il ne s'agit pas seulement de la reconnaître, il faut l'aimer. Ici,  dans ce parc, devant nous, regardez, mon ami, elle est présente avec toute son évidence, avec toute son innocence, avec toute sa beauté. Oui, sa beauté. Comme vous l'avez dit vous-même: l'animation parfaite... et complètement inutile, les enfants qui rient... sans savoir pourquoi, n'est-ce pas beau ? " P. 123, Septième partie, La fête de l'insignifiance, La fête de l'insignifiance

APPRÉCIATION PERSONNELLE: 

J'ai bien apprécié ce court roman. On y retrouve le style et l'humour de l'auteur. Cependant, je ne pense pas que ce roman restera longtemps dans ma mémoire. Je le relirai surement dans quelques années après avoir lu plus d’œuvres de Kundera.

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