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La Peste, Albert Camus

La Peste, Albert Camus

Personne n'est capable de penser à personne, fût-ce dans le pire des malheurs.

A. Camus, La Peste, IV, P. 209

TITRE:  La Peste
AUTEUR: Camus
EDITION: Gallimard
COLLECTION: Le Livre de Poche
NOMBRE DE PAGES: 257
DATE D' EDITION: 1966
GENRE: Roman

RÉSUMÉ: 

Le roman s'ouvre sur le personnage de M. Rieux, un médecin qui découvre des rats morts dans de nombreuses poubelles. Sa femme va quitter Oran afin de se soigner en montagne. Rambert, un journaliste, vient le voir parce qu'il souhaite écrire un article sur l'état sanitaire de la ville. Des milliers de rats sont retrouvés morts chaque jour et le nombre ne cesse d'augmenter. Joseph Grand appelle Rieux un soir pare que son voisin a tenté de mettre fin à ses jours. Le concierge de l'immeuble du médecin ne va pas bien et son état se dégrade très vite à tel point qu'il meurt dans l'ambulance. Castel, un autre médecin, rend visite à Rieux et lui dit qu'il faut déclarer l'épidémie de peste, ce qu'il fait. Oran est alors mise en quarantaine. Plus personne ne peut entrer ou sortir de la ville. Rambert tente par tous les moyens de sortir de la ville pour rejoindre la femme qu'il aime. Tarrou propose à Rieux de l'aider et rapidement une lutte contre la peste s'organise ainsi que Rambert. Pendant tout ce temps, le nombre de décès va grandissant. La santé de Mme Rieux empire et elle manque à son mari. Rieux est épuisé et c'est grâce à la fatigue qu'il parvient à ne pas se laisser submerger par ses émotions. Castel a mis au point un sérum qu'il va tester un enfant. Malheureusement, il ne va pas survivre. SPOILER: Le sérum montrera pus tard des effets positifs mais l'épidémie progresse toujours. Le juge Othon vient prêter main- forte aux médecins en  mémoire à son fils décédé. Grand sera lui aussi atteint de la maladie. Finalement, il s'en sort, ainsi que quatre autres patients. L'hiver fait reculer la peste, et la ville peut à nouveau respirer à la fin janvier. A la fin du roman, on apprend que le narrateur est Rieux et qu'il souhaitait partager son expérience. 

EXTRAITS:

"Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique se sont produits en 194. à Oran. De l'avis général, ils n'y étaient pas à leur place, sortant un peu de l'ordinaire. A première vue, Oran est, en effet, une ville ordinaire et rien de plus qu'une préfecture français de la côte algérienne." P. 5, I

Bonhomme, toujours souriant, il semblait être l'ami de tous les plaisirs normaux, sans en être l'esclave." P. 22, I

"Le ciel, quoique bleu, avait un éclat terne qui s'adoucissait à mesure que l'après- midi s'avançait. 

"Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste."

Castel se leva et se dirigea vers la porte. 

"Vous savez ce qu'on nous répondra, dit le vieux docteur: "Elle a disparu des pays tempérés depuis "des années"."

- Qu'est-ce que ça veut dire, disparaître ? répondit Rieux en haussant les épaules. 

- Oui. Et n'oubliez pas : à Paris encore, il y a presque vingt ans. 

- Bon. Espérons que ce ne sera pas plus grave aujourd'hui qu'alors. Mais c'est vraiment incroyable."  P. 32, I

"Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête. Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. Le docteur Rieux était dépourvu, comme l'étaient nos concitoyens, et c'est ainsi qu'il faut comprendre ses hésitations. C'est ainsi qu'il faut comprendre aussi qu'il fut partagé entre l'inquiétude et la confiance. Quand une guerre éclate, les gens disent "ça ne durera pas, c'est trop bête." Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait as toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux- mêmes, autrement dit ils étaient humanistes: ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent et les humanistes, en premier lieu, parce qu'ils n'ont pas pris leurs précautions. Nos concitoyens n'étaient pas plus coupables que d'autres, ils oubliaient d'être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l'avenir, les déplacements et les discussions? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux." P. 32- 33, I

"Le vieux Castel, qui mâchonnait tranquillement sa moustache jaunie, leva des yeux clairs sur Rieux. Puis il tourna un regard bienveillant vers l'assistance et fit remarquer qu'il savait très bien que c'était la peste, mais que, bien entendu, le reconnaître officiellement obligerait à prendre des mesures impitoyables. " P. 41, I

"Et, le jour où Rambert lui dit qu'il aimait se réveiller à quatre heures du matin et penser à sa ville, le docteur n'eut pas de peine à traduire du fond de sa propre expérience qu'il aimait imaginer alors la femme qu'il avait laissée. C'était l'heure, en effet, où il pouvait se saisir d'elle. Jusqu'à quatre heures du matin, on ne fait rien en général et l'on dort, même si la nuit a été une nuit de trahison. Oui, on dort à cette heure-là et cela est rassurant puisque le grand désir d'un cœur inquiet est de posséder interminablement l'être qu'il aime ou de pouvoir plonger cet être, quand le temps de l'absence est venu, dans un sommeil sans rêves qui ne puisse prendre fin qu'au jour de la réunion." P. 89, II

"C'était là une des grandes révolutions de la maladie. Tous nos concitoyens accueillaient ordinairement l'été avec allégresse. La ville s'ouvrait alors vers la mer et déversait sa jeunesse sur les plages. Cet été-là, au contraire la mer proche était interdite et le corps n'avait plus droit à ses joies." P. 91, II

"Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée. Les hommes sont plutôt bons que mauvais et en vérité ce n'est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c'est ce qu'on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer. L'âme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible." P. 106, II

"Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime." P. 132, II 

"Le soir, au lieu des rassemblements où 'on tentait de prolonger le plus longtemps possible ces jours dont chacun pouvait être le dernier, on rencontrait de petits groupes de gens pressés de rentrer chez eux ou dans les cafés, si bien que pendant quelques jours, au crépuscule qui arrivait bien plus vite à cette époque, les rues étaient désertes et le vent seul y poussait des plaintes continues. De la mer soulevée et toujours invisible montait une odeur d'algues et de sel. Cette ville déserte, blanchie de poussière, saturée d'odeurs marines, toute sonore des cris du vent, gémissait alors comme une île malheureuse." P. 135, III

"Des épouses lui prenaient le poignet et hurlaient:" Docteur, donnez-lui la vie!". Mais il n'était pas là pour donner la vie, il était là pour ordonner l'isolement. A quoi servirait la haine qu'il lisait alors que les visages? "Vous n'avez pas de cœur", lui avait-on dit un jour. Mais si, il en avait un. Il lui servait à supporter les vingt heures par jour où il voyait mourir des hommes qui étaient faits pour vivre. Il lui servait à recommencer tous les jours. Désormais, il avait juste assez de cœur pour ça. Comment ce cœur aurait-il suffi à donner la vie ? " P. 153, IV

"Mais quand on a dormi que quatre heures, on n'est pas sentimental. On voit les choses comme elles sont, c'est-à-dire qu'on les voit selon la justice, la hideuse et dérisoire justice." P. 153, IV

"Vous voulez mon avis ? Ils sont malheureux parce qu'ils ne se laissent pas aller." P. 158, IV

"Ce qui restait vrai, cependant, était qu'en toute chose, toujours, il y avait à retenir. L'épreuve la plus cruelle était encore bénéfice pour le chrétien." P. 178

"Mais le pire, écrivait Tarrou, est qu'ils soient des oubliés et qu'ils le sachent. Ceux qui les connaissaient les ont oubliés parce qu'ils pensent à autre chose et c'est bien compréhensible. Quant à ceux qui les aiment, ils les ont oubliés aussi parce qu'ils doivent s'épuiser en démarches et en projets pour les faire sortir. A force de penser à cette sortie, ils ne pensent plus à ceux qu'il s'agit de faire sortir. Cela aussi est normal. Et à la fin de tout, on s'aperçoit  que personne n'est capable de penser à personne, fût-ce dans le pire des malheurs. Car penser réellement à quelqu'un, c'est y penser minute après minute, sans être distrait par rien, ni les soins du ménage, ni la mouche qui vole, ni les repas, ni une démangeaison. Mais il y a toujours des mouches et des démangeaisons. C'est pourquoi la vie est difficile à vivre. Et ceux- ci le savent bien." P. 193, IV

"Il n'y avait plus de place dans le cœur de tous que pour un très vieil et très morne espoir, celui-là même qui empêche les hommes de se laisser aller à la mort et qui n'est qu'une simple obstination à vivre." P. 209, IV

"Ma mère était ainsi, j'aimais en elle le même effacement et c'est elle aujourd'hui que j'ai toujours voulu rejoindre. Il y a huit ans, je ne peux pas dire qu'elle soit morte. Elle s'est seulement effacée plus que d'habitude et, quand je me suis retourné, elle n'était plus là." P. 221, V

APPRÉCIATION PERSONNELLE: 

Ce roman est un réel coup- de- cœur ! Je l'ai beaucoup plus apprécié que L'Etranger. La scène d'agonie du petit Othon est très émouvante (P. 168- 175) et j'ai beaucoup aimé la fin du roman!

J'ai aussi découvert sur internet que le roman fait l'analogie avec la Seconde Guerre Mondiale. Mais à ma lecture, je suis totalement passée à côté! Je le relirai donc dans quelque temps après m'être beaucoup plus documentée sur le roman. 

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