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Amazone, Maxence Fermine

Amazone, Maxence Fermine

Je viens des regrets, je vais vers le rêve et je suis là par hasard.

TITRE: Amazone
AUTEUR: Fermine
EDITION: Albin Michel
COLLECTION: Le Livre de poche
NOMBRE DE PAGES: 259
DATE D' EDITION: 2004
GENRE: Roman 

RÉSUMÉ: 

L'action se déroule à Esmeralda en Amazonie.  Un jour, un piano blanc et un musicien noir apparaissent sur le fleuve. Il aborde une taverne que tient le méfiant Rodrigues, un ancien colonel et désormais fabricant de café. Il demande alors à Amazone, le musicien, de décrire son périple pour venir sur le fleuve et avec un piano blanc jusqu'à cet endroit perdu au milieu de nulle part. 

Amazone vient  de la ville de Bélem. Sa femme, qui lisait l'avenir dans les cartes, a prédit son propre décès et la grande souffrance qui attendait Amazone suite à cela. C'est pourquoi elle lui a demandé de partir avec son piano pour rejoindre sa ville natale, Esmeralda, de l'autre côté de la frontière. Le temps de ce voyage sera annoncé par un messager porteur d'une émeraude. C'est deux ans après sa mort que de messager retrouve Amazone. Ce messager n'était autre que Mendes, le frère de la défunte et cette dernière lui est apparue en rêve. Elle lui a alors demandé de guider Amazone jusqu'à Esmeralda. C'est alors qu'il commençait son périple à bord du Bélem (le bateau) qu'Amazone aborde Esmeralda. 

Or, Rodrigues reste plus que sceptique face à ce récit. Il joue avec Amazone son piano aux dés, mais il le perd. A la revanche, Amazone gagne l'émeraude de Mendes, le bateau de Rodrigues et son piano. C'est dans ces conditions qu'Amazone peut reprendre son voyage. Il parcourt alors une grande partie sur le fleuve puis il doit continuer avec ses compagnons à pied à travers la jungle. A quelques kilomètres de la fin du périple, ils doivent encore franchir une chute d'eau. SPOILER: Seulement, à dix mètres de la rive, le piano, le musicien et Rodrigues qui a tenté de rattraper le cordage sombrent dans le fleuve. Le corps d'Amazone et le piano n'ont jamais été retrouvés et parfois on entend encore les notes de musique. 

EXTRAITS: 

"D'abord la musique d'un piano. Une musique légère, rythmée et colorée d'accords de jazz, qui descendait le long de l'Amazone, caressait de ses arpèges la surface de l'eau, glissait d'arbre en arbre, de feuillage en feuillage et allait lentement mourir sur les berges du fleuve. Ensuite un fleuve immense et profond, charriant des mètres cubes d'eau, si rouge qu'il faisait penser à un torrent de lave. Un torrent de lave se déversant au beau milieu de la plus verte et de la plus gigantesque forêt du monde. 

Sur ce fleuve, un radeau. Si incongru qu'on ne voyait que lui, comme un point noir sur un mur blanc. Sur ce radeau, un piano. De couleur blanche. 

Pourquoi blanc, c'est une chose qu'in ne peut pas expliquer. Pas pour l'instant. 

Et, devant le piano, assis sur un tabouret, un musicien. 

Noir. 

La peau noire. 

Les cheveux noirs.

Les yeux noirs.

Mais tout le reste, sorti comme par magie d'un catalogue d'exposition d'objets surannés, d'une blancheur éclatante.

Un chapeau blanc.

Des dents blanches.

Un smoking blanc.

Des chaussures blanches. " P.13 - 14, chap 1

 

"Des voix reprirent en écho: 

- Sacré Cerveza! Un poisson- piano!

- Ouais, pourquoi pas une pieuvre à coulisse? 

- Ou un espadon à six cordes? 

Les rires fusèrent dans la salle à l'encontre du Suisse. Tout le monde l'aimait bien, mais il fallait bien avouer que l'alcool lui faisait quelquefois perdre la tête. " P. 21, chap 1

 

"Le fleuve était rouge, le musicien noir, le piano blanc. Curieux tableau, en fait. Avec, çà et là, quelques zones d'ombre comme pour créer une illusion et souligner davantage l'éclat des couleurs: nappes de brouillard s'élevant du fleuve; volutes de fumée sortant de la bouche du musicien; tourbillons de notes s'échappant du piano blanc. Et l'ensemble avançait au même rythme que la musique  qui glissait  dans la jungle comme un long serpent aux harmonies multicolores." P 23, chap 1

 

"Trois ans qu'il attendait ça. 

Trois années à s'échafauder en rêve un voyage aux frontières de nulle part, du hasard, des regrets, de la chance, de l'errance, de la folie et du rêve. 

Un voyage comprenant en tout et pour tout sept étapes. 

Et voilà qu'il venait d'atteindre la première. " P. 36, chap 1

 

"Je viens des regrets, je vais vers le rêve et je suis là par hasard." P. 55, chap 2

 

"Au cours de ses pérégrinations dans la baie de Marajo, de ses escapades dans l'océan Atlantique, de ses manœuvres aux frontières des Guyanes, le colonel Rodrigues croisa nombre de propriétaires terriens, de puissants politiques dont le quotidien était aussi éloigné du sien que lui l'était du paradis. Toutes ces visions réitérées, loin de le laisser de marbre, finirent par influer sur sa personne et à forger dans son esprit des rêves chimériques qui lui firent peu à peu perdre contact avec la réalité. 

Par la suite, dans ses délires nocturnes, le colonel se construisit un cocon de songes dans lequel il prit l'habitude de se réfugier avec délices, tel un ver à soie au stade de la chrysalide et qui, de chenille, devient peu à peu papillon. Chaque fil de ce cocon était une image soyeuse et belle, un vertige, un fantasme, une jouissance, un plaisir de l'existe, ce dont il se savait privé et qu'il s'octroyait de manière virtuelle jusqu'à l'extase. 

Il imagina donc pour lui un avenir où tout rimait avec soleil et musique, des voyages incessants et exotiques, de l'alcool jaillissant d'une fontaine éternelle, des femmes à la peau douce et au parfum délicat, des bateaux luxueux en partance vers l'Europe, des résidences secondaires bordées d'eucalyptus et des soirées arrosées au champagne dans de vastes palais agrémentés de jardins à la française. " P. 92-93, chap 3

 

"-Encore en train de lire, Da Silva? tonna Rodrigues. Tu devais arrêter, ça peut être dangereux. Lire rend humaniste. Et l'humanisme n'a jamais fait bon ménage avec le commerce." P. 167, chap 5

 

DERNIER CHAPITRE:

SPOILER

"Ainsi naquit la légende du piano blanc. 

Là, dans le labyrinthe de la forêt vénézuelienne, aux confins du Pérou, de l'Equateur, du Brésil et d'un monde pétri de rêve, de magie et de solitude. Depuis ce jour, on raconte que, parfois, un air de musique s'élève  des eaux et descend lentement le cours du Cassiquiare jusqu'au Rio Negro, puis rejoint l'Amazone. 

Certains Indiens prétendent qu'ils ont vu au clair de la lune, un radeau glisser lentement sur le fleuve. Sur ce radeau, il y avait un piano blanc. Un piano blanc de marque Steinway. Un piano dont l'odyssée ne se terminera jamais. Et, sur la rive, ils jurent qu'une femme contemplait tout cela en silence, son beau regard sombre tourné vers l'horizon. 

On dit encore que ce piano blanc pleure des larmes de musique, parfois si abondantes qu'elles font déborder le fleuve de son lit. Et ceux qui ont entendu ces notes magiques, assure-t-on, ne pourront jamais les oublier car elles sont un don d'amour.

On raconte aussi que le piano blanc joue dans l'autre monde, celui des rêves, des secrets et des dieux. 

Et dans cette jungle d'Amazonie qu'il ne quittera jamais plus, les notes de musiques montent parfois dans le ciel et se changent en flocons de neige. 

C'est, dit-on, le piano blanc qui rêve. " P. 219- 220, chap 7

APPRÉCIATION PERSONNELLE: 

J'ai adoré cette lecture. La prose de Fermine est d'une poésie incroyable. Le roman présente aussi un personnage indifférent aux tensions et qui tient leurs promesses coûte que coûte. J'aurais aimé que les autres personnages soient aussi davantage développés et qu'il y ait des personnages féminins autres que des prostituée ou épouse défunte. 

C'est, je pense, grâce à grande poésie et douceur qu'Amazone a obtenu le prix Europe 1 en 2004. 

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